Pour célébrer la sortie du nouveau livre Steampunk de Benjamin Lupu, Le Grand Jeu, l'auteur a écrit pour nous une histoire-énigme exclusive !
Et bonne nouvelle, 3 heureux gagnants seront tirés au sort (parmi les bonnes réponses) pour recevoir son roman ! Vous voulez participer ? Rien de plus simple : une question se trouve à la fin de cette histoire écrite par Benjamin Lupu. Envoyez-nous votre réponse en MP via votre réseau social préféré ou à l'adresse info@bragelonne.fr
Vous avez jusqu'au 20 avril à midi, pour participer : il ne vous reste plus qu’à partir sur les traces de Martina et sa bande face au Baron !
Et sans plus attendre voici l’histoire - énigme de Benjamin Lupu :
" L’aube grise avait du mal à se frayer un chemin entre les nervures de fer de la verrière du terminal nord de l’aérogare d’Austerlitz. La grande halle sombre baignait dans la lumière jaune des réverbères encrassés de suie. L’endroit ne dormait jamais complètement et cette heure aurait normalement dû appartenir aux personnels préparant les arrivées et les départs de la journée. À la place du balai des lingères, débardeurs, bonnes et bagagistes, une foule compacte piétinait dans le froid mordant des courants d’air au pied d’un escalier d’embarquement.
Un peu à l’écart, engoncé dans un manteau cintré, les deux mains enfoncées dans un manchon de fourrure, un large chapeau et une voilette cachant son visage, Martina était la seule femme dans cette mer de melons noirs dont les cous se tendaient vers le plafond où l’on distinguait le ventre oblong d’un dirigeable à l’amarrage. Quatre hommes apparurent et descendirent vers eux. Ils étaient attendus au pied des marches par le préfet de police Camescasse en personne. L’homme bombait le torse en prévision de son triomphe.
La rumeur avait couru toute la nuit : « le baron », voleur dandy à l’audace et l’arrogance folles, serait capturé au petit matin, alors même qu’il s’apprêtait à s’enfuir après son dernier forfait.
Deux jours auparavant, « le baron » était parvenu à dérober une des six feuilles d’or restantes de la couronne de laurier de Napoléon alors même qu’il avait averti le préfet de ses intentions. Le voleur avait réussi à mettre en échec tous les effectifs déployés pour le contrer et s’était emparé de la précieuse relique.
Dans l’ombre, c’était un autre duel qui avait tourné en sa faveur, car ce coup avait été originellement conçu par Martina. Mais celui qu’elle connaissait alors sous le nom de Christian et dont elle avait deviné qu’il faisait partie de la noblesse déracinée de l’ancienne Prusse, l’avait doublée. La jeune femme s’était sentie trahie et défiée quand au petit matin d’une nuit débridée, elle avait constaté que Christian lui avait soustrait les plans du lieu secret où était conservée la feuille d’or. Elle avait cru séduire l’éphèbe allemand, mais c’est lui qui s’était joué d’elle, avec un professionnalisme irréprochable avait-elle dû convenir.
— On dirait que « le baron » a fini de faire le beau, commenta Maurice, appuyé négligemment sur la colonne d’un bec de gaz. C’est assez satisfaisant, mais est-ce que ça valait vraiment l’coup de rater le bouillon du p’tit déj ? On l’a quand même dans l’os finalement.
Le Français, gavroche de guingois sur le crâne, n’attendait pas de réponse. Il exprimait simplement sa mauvaise humeur de s’être fait tirer du lit aux aurores. Deux pas derrière, Mortier, monolithe imperturbable, le dominait de toute sa taille, le visage rougi par la froidure.
— Voilà qui n’est pas si sûr, murmura tout bas Martina pour ne pas être entendue.
Christian, menotté et encadré par trois inspecteurs de police, posa tout sourire aux côtés du préfet, le temps d’une photo. Alors que le « baron » et son escorte fendaient la foule, les journalistes assaillirent Camescasse de questions. Le préfet vanta les mérites et la célérité de ses hommes mais sa bonne humeur disparut quand un téméraire lui demanda si la feuille d’or avait été retrouvée.
— Pas encore, mais cela ne saurait tarder ! Je vous le garantis, lança-t-il avant de remettre son haut-de-forme, signifiant par là qu’il n’était plus disposé à répondre.
— Tiens donc, s’étonna Maurice. M’est avis qu’y vont pas lui faire de cadeaux au bloc s’il rend pas la babiole.
— Allons au buffet, j’ai froid, déclara Martina.
Les trois comparses se rendirent au restaurant qui trônait au centre du bâtiment rond où se rejoignaient les halles de l’aérogare, disposées en soleil. Maurice commanda un copieux petit déjeuner pour Mortier et lui. Martina se contenta d’un thé. La jeune femme demeurait distante et songeuse.
— Qu’est-ce qui te turlupine, gamine ? finit par demander le Français.
En guise de réponse, Martina sortit de son manchon un petit coffret qu’elle ouvrit. Un velours rouge accueillait trois pièces blanches d’un jeu d’échecs : la reine, un cavalier et une tour.
— J’pige pas, commenta platement Maurice.
— Il y avait ça avec, répondit Martina en lui tendant un billet plié en deux.
Maurice le lut : « Meine Liebe, le tour était pendable, mais la nuit magnifique. J’aurais aimé être ton roi encore une fois, une unique nuit. Je te vole, mais je ne peux m’empêcher de me dire que si je suis fait échec et mat, je préférerais que ce soit par toi. Les sales pattes de Monsieur Camescasse ne méritent pas la couronne de l’empereur. ».
— Vous avez profité à ce que je vois tous les deux, grommela Maurice.
— Ce n’est pas l’important, s’agaça Martina.
Maurice regarda à nouveau les pièces à l’intérieur du coffret et fronça les sourcils, déconcerté. Martina sortit le cavalier et le posa devant Maurice, puis plaça la tour devant Mortier, qui la contempla d’un air étonné, et enfin se réserva la reine.
— y se paie not’ tête ou quoi ?
Martina lui montra la face inférieure de son pion. La lettre « H » et le chiffre « 3 » y étaient gravés. Maurice retourna la sienne et y découvrit la paire « H7 » puis il prit celle de Mortier.
— « F6 ». Le voilà qui veut qu’on joue aux échecs. T’as une idée de l’entourloupe ?
— Pas encore, mais nous serons fixés ce soir.
Au grand dam de ses passagers et de la Française des airs, l’Envol ne pouvait pas quitter son mât d’amarrage par ordre du préfet. Toute la journée, la police avait passé au peigne fin l’intérieur du strelok sans succès et tentait à présent de faire parler « le baron » pour qu’il avoue où il avait dissimulé le précieux objet. Des gardiens de la paix empêchaient l’accès au dirigeable, mais ça n’avait pas stoppé Martina et Maurice de se glisser à bord et les deux comparses se tenaient à présent au-dessus d’un échiquier intégré au plateau d’une table en acajou du salon de détente.
— Et maintenant ? demanda Maurice.
Martina sortit les trois pièces que Christian leur avait laissées. Elle commença par la tour qu’elle posa à l’intersection de la colonne « F » et de la ligne « 6 ». Elle eut une hésitation puis appuya sur le pion qui représentait une tour moyenâgeuse. La case sur laquelle elle se trouvait s’enfonça avec un déclic. Elle refit la même manipulation pour les deux pièces restantes en prenant soin de ne pas se tromper. Maurice et elle retinrent leur souffle.
— Merde, que tchi, c’est un fieffé salopard celui-là !
— Calme-toi, ces pièces ne sont pas posées au hasard. Je pense que Christian s’attend à avoir sa place sur l’échiquier lui aussi.
Maurice fit la moue.
— Y a qu’à appuyer sur toutes les cases et on verra bien.
— « Encore une fois, une unique nuit », murmura Martina d’un air songeur.
— C’est bien le moment de penser à la bagatelle !
Martina sourit.
— Je pense que nous n’avons qu’une seule chance. Je ne serais pas étonnée que Christian ait anticipé les approches… plus primitives. "
Quelle pièce Martina doit-elle choisir et où doit-elle la poser ?
Voici la position des pièces sur l’échiquier pour vous aider :
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L'auteur pourra peut-être vous donner quelques indices sur ses réseaux sociaux, alors n'hésitez pas à le suivre :
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Bonne chance, apprentis cambrioleurs !