Londres, fin des années 1980. Un quartier au bord de l’émeute. Des femmes sauvagement assassinées. Un tueur masqué qui ne laisse aucune trace derrière lui…

 

Qui est David Gemmell ?

 

David Gemmell publie son premier roman, Légende en 1984, toujours publié aujourd'hui, remportant au passage le prix Tour Eiffel en 2002. En 1986, il devient écrivain à plein temps et a publié en 2006 son dernier roman Le Bouclier du Tonnerre (le Cycle Troie a été achevé par sa deuxième épouse Stella avec le livre La Chute des rois, sortie le  en France). Il est surtout connu pour Le Cycle de Drenaï et Le Lion de Macédoine. Disparu prématurément en 2006, le prolixe auteur britannique David Gemmell nous a laissé une superbe collection d’ouvrages à traduire et éditer.

Après le second tome du cycle Les Pierres de Pouvoir, découvrez en librairie dès le 15 mai le dernier roman inédit de David Gemmell : Le Masque de la Mort.

Retrouvé par Stella Gemmell, voici un thriller haletant et inédit qui mêle des anecdotes vécues par l’écrivain en tant qu’ancien journaliste à l’histoire glaçante d’un terrifiant tueur en série.



Londres est en ébullition : dans une société en pleine mutation, la pauvreté exacerbe les tensions raciales et divise la population. C’est au cœur de ce contexte étouffant que des femmes se mettent à disparaître : un tueur au sinistre masque les assassine les unes après les autres, sans laisser le moindre indice derrière lui. La presse fascinée l’appelle bientôt Le Masque de la Mort.

Jeune journaliste ambitieux, Jeremy Miller se verrait bien couvrir l’affaire, au lieu de perdre son temps à rédiger des articles complaisants sur des sujets communs.

Alors, quand les meurtres commencent à recouper ses propres reportages, Jeremy est le premier surpris. Et bientôt le premier en ligne de mire…



Envie de vous faire une idée avec les premiers paragraphes ?

Chapitre premier

Le conducteur sifflotait quand il tourna le volant pour s’engager dans Carlisle Road. Au loin, il vit le reflet de la lune briller dans une large flaque. Il roula dessus, projetant une gerbe d’eau sur les arbres qui bordaient la chaussée. L’homme se mit à rire. Il était redevenu le petit garçon qui dévalait à vélo la longue colline jusqu’au « lac » qui s’était formé après l’averse. À la dernière seconde, il levait les jambes à hauteur du guidon et regardait l’eau se fendre en deux sur son passage, tels deux arcs de triomphe.

Alors qu’il faisait virer la berline vers Controse Avenue, une ombre passa devant lui. Il enfonça brusquement la pédale de frein. Dans un crissement de pneus, il fit une embardée juste au moment où un vélo d’enfant lui éraflait l’aile avant. Sitôt le véhicule arrêté, le conducteur en descendit. Tombé dans le caniveau, le garçon se relevait, les yeux grands comme des soucoupes et l’air apeuré. L’homme s’élança vers lui.

Le garçon observa l’inconnu : grand, les cheveux courts soigneusement peignés. Il chercha chez lui un signe de colère. Il n’y en avait pas. Constatant que le gamin n’était pas blessé, l’homme poussa un soupir de soulagement.

— Ça va, fiston ?

— Ouais.

— Tu ne devrais pas être dehors si tard. Et il te faut des feux, sur ce vélo.

— C’est un BMX. Y a pas de feux, là-dessus.

— OK, mais tu as failli te faire écraser, alors fais attention.

— Promis. Désolé.

L’homme ébouriffa les cheveux du garçon.

— Seuls ceux qui ne font rien ne commettent jamais d’erreur. Mais que ça te serve de leçon.

Il sourit au garçon, qui enfourcha son BMX et repartit aussi sec. L’homme secoua la tête avant de reprendre la route.

De retour chez lui, il passa un coup de fil, mangea une tartine au fromage et s’installa devant une cassette vidéo. Il avait déjà vu le film un bon nombre de fois, mais il ne s’en lassait jamais : La Maison du lac, avec Katharine Hepburn et Henry Fonda. Cette fois, il garda les yeux secs.

Il éteignit la télévision et repensa au gamin. Ce n’était vraiment pas passé loin. Il frissonna. Son vélo à lui n’était pas un BMX. Ça n’existait pas, il y a quinze ans. Lui avait eu un Raleigh – d’occasion, mais parfaitement entretenu. Son père l’avait retapé. Bon bricoleur, il adorait réparer les objets. Mais certaines choses étaient irréparables. Surtout quand personne ne savait qu’elles étaient cassées.

 

 
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