Sorti le mois dernier, l'extraordinaire roman d'Alden Bell bénéficie non seulement d'un bel accueil critique, mais aussi de ventes plutôt étonnantes. Par exemple, selon nos statistiques, il était chez nous numéro un des ventes, avant qu'un certain Terry Goodkind ne passe par ici...

Parce qu'il faut battre le fer tant qu'il est chaud, voici un petit mot de Claire. C'est elle qui a lu, choisi et édité le livre, elle est donc la mieux placée pour vous expliquer en quoi ce livre est si puissant.


 

 

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« Dieu est un dieu roublard. Temple le sait. Elle le sait grâce à tous les miracles de pochettes surprises que lui réserve cette planète en ruine. »

Les faucheurs sont les anges bondit hors de son rayon, hors de son genre, pour saisir le lecteur à la gorge. Vous croyez lire un roman de zombies ? Détrompez-vous, Alden Bell vous a déjà enjôlé, tel le dieu roublard de son monde apocalyptique, et il s'apprête à vous dévoiler les merveilles et les horreurs de son imagination.

Les faucheurs sont les anges survole les grands espaces américains avec le brio des grands. Vous y retrouverez la solitude de La Route de Cormac McCarthy, l'exaltation face à la nature d'Into the Wild de Jon Krakauer, la dureté de l'incertitude et de l'errance des Souris et des Hommes, de John Steinbeck et le portrait doux-amer du sud des États-Unis de William Faulkner. Alden Bell, avec la légèreté et la ténacité du vent du sud des États-Unis, brosse un tableau extraordinaire de l'humanité, ou du moins ce qu'il en reste. Il nous offre une héroïne digne des plus illustres romans de la littérature : Temple, une adolescente au cœur simple et dur, habitée par le désir d'être juste, de mériter les miracles que lui offre le monde, au risque de se montrer impitoyable.

Vous pensez à Jack London ? Moi aussi. Mais aussi aux plus beaux des westerns, où les mots Bien et Mal se dépouillent des oripeaux de notre société pour apparaître nus et inflexibles. Où les hommes découvrent ce qu'ils sont capables d'exiger d'eux-mêmes quand la mort peut survenir à tout moment.

Oui, Alden Bell a du talent. Et en un court roman, vite dévoré, il laisse son empreinte, profonde comme une morsure, dans la littérature de genre.

« Voyez-vous, le monde a sa musique et il faut prêter l'oreille, sans quoi on est sûr de la rater. Comme lorsqu'elle sort de la maison, que l'air nocturne sur son visage a la froideur d'un rêve et la pureté d'une terre fraîche, toute neuve. Comme si l'on débarrassait l'étagère d'une chose vieille, poussiéreuse et cassée pour faire de la place à un truc flambant neuf.

Et c'est votre âme, qui désire bouger et faire partie du grand tout, quel qu'il soit, être là, sur les plaines de suie où tombent les vivants et se lèvent les morts, tombent les morts et se lèvent les vivants. »

Alors, comme dirait Temple, car « elle sait que les mots ont le pouvoir de rendre les choses vraies si on les dit bien », rien ne devrait vous empêcher de lire ce livre, même pas vous :

« Les miracles, ça t'intéresse peut-être pas. Mais même quand on les mérite pas, faut savoir les apprécier. On doit tous admirer la beauté du monde, même quand on est méchant. Surtout quand on est méchant. » 


Claire Deslandes
, éditrice.

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