Bragelonne publie assez rarement des ouvrages cartonnés et reliés. Lorsque l’on doit participer à la réalisation d’un ouvrage tel que Tous malades !il y a toute une série de problèmes qui surgissent. Tous malades ! est un recueil de poèmes (traduction d'Alain Névant et Gudule) illustrés par Clive Barker, Boulet, Reno et Melaka. Petite présentation de la couverture cartonné : La couverture de notre ouvrage relié est constituée de 3 matériaux : - 3 bandes de cartons - le Balacron, une matière en simili-cuir - un argent à chaud (la couleur ambrée) C'est le rôle du brocheur (ou façonnier) de coller les bandes de carton sur le Balacron. Le carton sert à renforcer la matière. L'épaisseur du carton est quelque chose d'assez standard. Ici, il s'agit d'un carton 30/10° soit 3 mm d'épaisseur. Le Balacron est choisi dans un catalogue. On le choisit de la même façon que l'on choisirait une couleur de peinture. Il existe un nombre très important de textures et couleurs. Reliure L'argent a chaud est déposé par ce que l'on appel un fer à dorer. Un fer métallique va déposer une couche métallique sur la texture (ici du Balacron) par le biais d'une feuille à base d'argent ou d'or. Reliure C'est au niveau de l'organisation et du timing que ce type d'ouvrage est le plus compliqué à gérer. Tout d’abord le format, avec un livre Bragelonne traditionnel (sans reliure cartonnée), le format de la couverture est le même que celui du bloc de feuille intérieur. Ce qui n’est pas le cas d’un livre relié avec une couverture cartonnée. Le bloc intérieur est en retrait de plusieurs millimètres. Vous devez donc changer votre maquette et vos marges habituelles. C’est un détail mais mieux vaut y penser sinon on est bon pour refaire la maquette au dernier moment. Et les maquettistes n’aiment pas du tout refaire leur travail à partir de zéro… (je sais de quoi je parle, n’est-ce pas Claire et Fabrice ?) reliure Tous Malades ! Pour lier la couverture au bloc intérieur, on utilise ce que l’on appelle des gardes. Il s’agit de feuilles de papier qui sont collées à la fois au bloc intérieur et à la couverture. Ces gardes peuvent être dans le même papier que le bloc intérieur, on dit alors que c’est des gardes in text. On peut utiliser un autre papier, on parle alors de gardes rapportées. Il est important de savoir si son fournisseur peut faire des gardes in text avec le papier du bloc intérieur. Dans notre cas, les machines de ce fournisseur ne le pouvaient pas (contrairement à notre précédent fournisseur). Il a donc fallut prévoir du papier d’un grammage supérieur mais surtout de la même teinte que le reste du papier (l’intérieur est constitué de papier ivoire…). Savoir ce type de détails à l’avance permet d’éviter les risques de non approvisionnement de papier. Tous les papiers ne sont pas disponibles en quantité suffisante tout le temps. Il faut alors faire des fabrications spéciales ou profiter des fabrications régulières au cours de l’année. Le délai peut être d’un à deux mois, suivant le type de papier. Si vous avez des gardes in text, vous perdez l’équivalent de 4 pages, donc cela joue sur votre pagination et donc votre maquette. Le Balacron fait partie de ces matières que l’on appelle de création. On choisit la référence sur catalogue. Selon la référence, la quantité nécessaire est disponible ou non sur stock. Dans le cas d’un tirage à 4 000 exemplaires, il s’agit d’une quantité relativement importante de feuilles de Balacron. Peu de références sont stocké dans cette quantité. Si on s’y prend assez à l’avance, on a le temps suffisant pour profiter d’une fabrication de la référence désirée. En revanche si on s’y prend tard, le choix devient très vite limité. Pour connaître la dimension des feuilles de Balacron nécessaire au relieur, il faut connaître l’épaisseur de l’ouvrage (en plus de son format, évidemment). Pour calculer cette épaisseur, il faut avoir le nombre de pages définitif. Dans le cadre d’un livre comme Tous malades ! où il y a un traducteur, un auteur qui réécrit les textes, trois illustrateurs, et un maquettiste, les retards arrivent facilement. De plus quand les illustrations sont présentes dans le texte, il est difficile d’estimer précisément la pagination. Évidement quelques millimètres de dos peuvent faire qu’un stock existant de Balacron est soit trop, soit convient. reliure Tous Malades ! Outre le Balacron, l’épaisseur de l’ouvrage sert également à commander la taille des cartons qui vont être contrecollés sur le Balacron. Le relieur va mettre la pression pour avoir le plus tôt possible l’épaisseur de l’ouvrage. Et le rôle de l’éditeur (ou du fabricant) est d’essayer de gagner le plus de temps possible, pour que le maquettiste finisse l’ouvrage. Évidemment dans un monde parfait la maquette est finie longtemps à l’avance. L’édition n’est pas un monde parfait… reliure Tous Malades ! Le fer à dorer normalement ne pose pas de problème. Comme pour le Balacron, vous avez des catalogues avec des dizaines de références. Références qui sont spécifiées pour être utilisées dans certaines conditions et sur certaines matières. Sur du Balacron, une seule référence est validée en couleur argent. Et franchement cela donne plus à penser à de l’inox qu’autre chose. Comme nous voulions (en fait, David le directeur artistique) une couleur ambrée, il a fallu une couleur non validée. Dans ce cas-là demande au relieur de faire un test. Il faut que celui-ci commande la matière (des feuilles très fines) auprès de son fournisseur. Là encore c’est la grande question de la quantité en stock. Heureusement pour ce type de produit, il est rare d’être en rupture, mais bon, méfiance… Les problèmes qui peuvent arriver sont que la matière n’adhère pas au Balacron et qu’elle se décolle, ce qui n’est pas beau du tout. Dans notre cas, la matière tien parfaitement (à la grande surprise avouée du relieur). Bon je crois que j’ai fait le tour de la plupart des petites difficultés de technique et de timing que l’on peut avoir sur ce type d’ouvrage. Tous malades !
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